Airbnb & Booking mettent le turbo pour accueillir de nouvelles adresses

Crise ou pas, les grands de la distribution digitale ne cessent de nourrir de très fortes ambitions sur le marché de la réservation en ligne. Cette semaine, Airbnb a annoncé son nouveau programme visant à attirer de nouveaux propriétaires tandis que Booking songe à investir directement dans des hôtels ou des résidences hôtelières ...

Comme nous le soulignons depuis plusieurs semaines, à la fois en raison de la crise qui pousse de nombreux propriétaires à franchir le cap de la location courte durée que de la "course à l'échalote" que se livrent les deux leaders (en Europe) que sont Booking et Airbnb pour proposer les catalogues les plus larges, Airbnb vient de franchir une étape supplémentaire pour accueillir de nouveaux lieux à proposer à la location.

Airbnb Start ... pour attirer plus de locations ces prochains mois

Selon la patronne des "Hébergements et de l'Expérience" chez Airbnb, Catherine Powell (ancienne patronne de Disneyland Paris) : "Ces derniers mois, 24 millions de personnes ont consulté la page de Airbnb dédiée à faire connaissance avec la plateforme, comprendre comment y louer son appartement ou sa villa, estimer ce que cela peut rapporter ...". Depuis sa création en 2008, au total, Airbnb avait accueilli 36 millions de visiteurs sur cette page dédiée aux futurs "hosts" ... c'est dire si, ces derniers temps, il y a de l'engouement du côté des propriétaires et si quelque chose d'important est en train de se préparer à bouleverser le marché.

Pour la dirigeante américaine, "l'inflation et la contraction du pouvoir d'achat pousse un nombre croissant de personnes à trouver de nouvelles sources de revenus et mettre son logement en location sur Airbnb est une réponse de plus en plus prisée une fois toutes les précautions prises par les propriétaires" ... qui sont déjà plus de 4 millions, dans le monde, à mettre leur bien en location sur la plateforme.

Et, pour accélérer le mouvement, Airbnb a décidé d'observer les freins qui retenaient certains propriétaires et donc, à les lever avec son nouveau programme "d'acquisition" appelé Airbnb Start, présenté hier mercredi.

Parrainnage et réassurance

Selon les spécialistes, une fois l'idée de mettre son bien en location sur Airbnb acquise, le principal frein qu'expriment les propriétaires (pardon, les "hosts, en jargon Airbnb) est la peur de voir son appartement ou sa maison complètement dévasté par des "guests peu fréquentables.

Dans un premier temps, Airbnb a lancé sa propre couverture d'assurance appelée "Airbnb Cover" qui va indemniser un propriétaire jusqu'à 1 Million d'euros de dégâts dans sa propriété. Insuffisant pour certains ? Notamment les grosses propriétés aux revenus alléchants ? Airbnb fait tripler la mise en montant la couverture à 2,9 Millions d'euros ! De quoi refaire l'intérieur et le jardin, si nécessaire, après le passage d'un ouragan de fêtards en furie. Encore faut-il pouvoir justifier de tels montants, évidemment.

Mais, comme mieux vaut prévenir que guérir, Airbnb a également annoncé avoir renforcé son système de contrôle des guests et donc, de filtrer les clients fréquentables de ceux qui le sont moins ... Comment ? Catherine Powell a annoncé, hier, la mise en place d'un "dispositif de filtrage des fêtards et autres locataires à risques" basé sur un contrôle à la fois automatique et visuel par ses équipes : "Un guest qui n'a recueilli aucun commentaire et qui cherche une grande maison pour un soir à quelques kilomètres de chez soi est potentiellement un guest à risque ... Notre plateforme bloquera donc sa réservation pour vérification ou rejet total avant qu'il ne se déplace sur les lieux ...".

Autre moyen de rassurer un candidat à la mise en location de son bien sur Airbnb : se faire accompagner par un propriétaire déjà aguerri, en jargon Airbnb, un "SuperHost" (10 réservations cumulées au moins pour 100 nuitées et une note de 4,8). Airbnb en compte plus de 980.000 de par le monde, soit un quart de ses "effectifs". L'idée est que le candidat recueuille un avis plus objectif sur l'expérience de la location courte-durée via une plateforme:la discussion avec un propriétaire bien expérimenté, à la fois, sur l'accueil des guests ou encore les relations financières avec Airbnb peut faire sens pour franchir le pas.

Grâce à ce parrainnage (ou plutôt, ce mentorat), chaque SuperHost qui sera associé à un nouveau propriétaire percevra une prime (versée par Airbnb) pouvant aller de 50 à 150 euros dès le départ du premier "guest". Cette prime rémunèrera le temps passé par le SuperHost à "coacher" les débuts du propriétaire via l'application spéciale que Airbnb va déployer pour faire rencontrer ses "impétrants loueurs" et ses "Ambassadeurs".

Les propriétaires candidats à Airbnb pourront échanger avec leur "parrain", un des SuperHosts à proximité de chez eux, via une application dédiée.

Payer en quelques heures seulement

Autre expérience couverte par Airbnb Start: faire rencontrer les propriétaires tentés par la location courte-durée par des Super-Guests; ceux que Airbnb qualifie de "voyageur expérimenté". "Nous savons que si la première expérience se passe bien, les hôtes continuent à louer leur bien" souligne Catherine Powell.

Pour Airbnb, qui avait dû licencier durant la crise covid, pas question de se refroidir à l'occasion de la crise actuelle (analysée pour durer selon ses "grands chefs") mais, au contraire, se saisir de la situation comme d'une opportunité pour ramener dans ses filets de nouveaux profils de propriétaires. Ce qui ne sera pas sans conséquence sur l'équilibre du marché puisque, déjà, de nombreux "vieux de la vieille", des propriétaires aguerris de la plateforme, se plaignent de voir leurs revenus par nuitée baisser alors que les réservations globales de Airbnb ont augmenté de 25% ces derniers mois (et leur valeur brute de 31%) ... mais, comme le gateau se partage entre plus d'invités, évidemment, le revenu per capita a forcément baissé ...

Toutefois, Airbnb ne compte pas limiter ses possibilités de faire grossir son catalogue (et donc, d'attirer plus de clients eux-mêmes attirés par la richesse de son offre) et donc, considère la période de crise qui s'ouvre comme une opportunité d'attirer de candidats à la location.

Et de préciser, comme pour mieux convaincre les indécis que le revenu médian brut d'un propriétaire s'élevait à 3600 euros en 2021, en France, dont 2700 euros pour la seule période estivale (21 juin au 20 septembre) et que, selon ses sources internes, plus de 50% des propriétaires ont utilisé ce complément de revenus pour payer un emprunt ou des frais d'entretien de leur bien immobilier.

Enfin, dernier argument pour convaincre des propriétaires pressés par la crise, Airbnb introduit aussi une nouvelle fonctionnalité appelée Fast Pay (uniquement aux États-Unis pour l'instant) et développée par Airbnb elle-même qui permet de verser les fonds aux propriétaires en moins de 30 minutes (contre 1 à 7 jours, en moyenne, traditionnellement et 1,5% de frais et un minimum de perception de 15 $) si et seulement si ces derniers ont enregistré une méthode de paiement Visa ou Mastercard.

Dernier point, pour la France, Airbnb (qui en est un des sponsors) parie gros sur l'effet "Jeux Olympiques" et "Coupe du Monde de Rugby" en rappelant que, lors des grands événements comme le dernier "Super Bowl", à Los Angeles (US), les propriétaires ont engrangé plus de 4 millions de dollars, en accueillant quelque 9.000 visiteurs sur une nuit seulement ! A Madrid, lors de la dernière "Pride", en juillet, les 56.000 "guests" auraient rapporté 15 millions d'euros à leurs hôtes.

Booking va investir dans les entreprises du tourisme

De son côté, Booking, le grand rival d'Airbnb, veut aller même plus loin ... Lors d'une récente conférence européenne sur l'investissement hôtelier, Abhijit Prasad, le vice-président de Booking chargé des produits a déclaré que l'OTA étudiait "la possibilité de mettre des capitaux à disposition des entreprises saisonnières comme les stations de ski ...". Plus précisément, Booking envisage d'investir dand des hôtels ou des résidences de tourisme, dans un premier temps, en zone de montagne. "Nous avons tellement d'informations sur ce qui motive la réservation des hôtels que nous pouvons les aider à prendre des décisions stratégiques et même leur fournir du capital d'ici à 18 mois !" annonce d'ores et déjà ce haut cadre de Booking.

En somme, de très très gros changements - encore ! - à venir dans la sphère du tourisme.

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Aux dernières nouvelles, Joe Gebbia, l'un des trois cofondateurs d'Airbnb lance "sa" startup spécialisée dans la construction clés en mains de "tiny houses", ces toutes petites maisons qui font fureur dans les nouvelles adresses de vacances. Du nom de Samara, la startup facture chaque "tiny house" à 290 000 $, frais d'installation compris. Samara était, jusque là, le studio de création interne d'Airbnb. Désormais, tout en étant toujours associée aux projets de la plateforme, Samara se donne pour mission d'équiper des centaines de terrains de "tiny houses" aux abords des résidences des propriétaires qui veulent se lancer dans la location de vacances, à deux pas de chez eux; un projet plus onéreux mais moins intrusif que d'accueillir des clients chez soi, selon les promoteurs du projet...