La flexibilité plus que les réductions

Même si la période (inflationniste) laisse à penser que les voyageurs sont plus attentifs aux "bonnes affaires", qui préservent leur portefeuille dèjà malmené par les augmentations du coût de la vie courante, la dernière étude menée par Expedia confirme que la flexibilité l'emportera toujours plus que le prix réduit ... pour, au moins, la moitité d'entre eux.

Selon la dernière étude conduite par Expedia (ces dernières semaines, pour mieux "coller" au contexte inflationniste), 47% des voyageurs déclarent qu'ils ne réserveront plus jamais un hébergement qui n'offrirait pas de tarifs flexibles et ce, même s'il s'agissait d'un prix fortement réduit !

Un tarif "flexible", en résumé, repose sur la possibilité de modifier - et surtout, d'annuler ! - sans frais et sans complications. On se souvient des fameux "avoirs" mis en place dès les premiers confinements et des (nombreuses) protestations qui s'en sont suivies de la part des clients. Très vite, donc, le principe du tarif "flexible" s'est imposé à toute l'industrie du voyage et est quasiment devenu un "standard". Les clients s'y sont habitués et, avec le reflux de la crise covid (mais l'arrivée d'autres crises), nombreux craignaient manifestement que les professionnels du tourisme ne resserrent leurs conditions. Avec cette nouvelle enquête, leurs attentes semblent donc ... sans appel.

L'univers de l'hébergement n'est pas le seul concerné par cette revendication d'ultra-flexibilité puisque, toujours selon cette enquête, 51% des voyageurs interrogés affirment ne plus vouloir réserver non plus de billet d'avion ou de train si ces derniers ne sont pas flexibles.

Autre variante, 57% refusent aussi le principe de la réservation "non remboursable" (59% en ce qui concerne les transports). La différence avec le "flexible" ? Un tarif "flexible" n'engage pas le paiement lors de la réservation et s'opère, en général, en mode dit de postpaid; c'est-à-dire, un paiement lors du départ de chez l'hébergeur et, pour l'hébergeur, une carte bancaire donnée en garantie lors de la réservation (sans le moindre débit de sa part).

Cette tendance à l'ultra-flexibilité s'explique par la crainte des voyageurs de voir leur argent bloqué pendant des semaines, voire des mois dans le cas d'une annulation ou d'un report pour différentes raisons. Même s'ils redoutent moins les cas de blocage dûs au covid, d'autres études démontrent leur angoisse est plutôt liée à l'idée de "bloquer" des fonds pour un voyage qu'ils pourraient annuler en raison d'une plus forte pression sur leurs finances et ce, en raison de l'inflation et de la situation économique qui inquiètent.

Il faut dire que de "grands acteurs" du tourisme semblent abonder dans leur sens: grandes chaînes hôtelères, OTAs ou grandes compagnies aériennes multiplient les mesures en ce sens. Outre la création de nombreux tarifs "flexibles", ces acteurs imaginent des flexibilités progressives comme le fait d'accorder plus de souplesse uniquement si vous adhérez d'abord à leur programme de fidélité ou encore la généralisation du paiement fractionné (3 fois sans frais ou BNPL) qui permet de "contourner" cette difficulté. Cette année, de grands acteurs du voyage se sont tournés vers cette formulaire de plus en plus populaire : Disneyland Paris maintient ses ventes grâce au "lissage" du paiement et la SNCF vient de désigner le BNPL français Alma pour proposer le paiement de billets de trains en 3 fois sans frais dès le printemps prochain.

Si ces mesures ne sont pas toutes à la portée d'un opérateur indépendant, elles s'imposent tout de même à eux pour "coller" aux attentes des voyageurs de cette saison 2022-2023. Offrir du tarif flexible ne signifie pas s'exposer à des annulations torrentielles ... au contraire, pour beaucoup de grands acteurs, non seulement ces derniers en ont profité pour augmenter la valeur de leurs nuitées (voir plus haut) mais, de plus, ils n'ont pas constaté d'inflation au niveau des annulations ...