Du vert et du digital contre les étoiles en 2022

Le gouvernement a publié ce weekend, dans le Journal Officiel, les nouveaux critères pour obtenir (conserver ou gagner) ses fameuses "étoiles" touristiques. Au-delà de vos chambres et de la qualité de votre service, il vous faudra désormais montrer "patte blanche" en matière de maîtrise digitale et de tourisme durable ...

Chaque cinq ans, le gouvernement (sur les conseils des professionnels et d'Atout France) actualise les critères qui permettent à un professionnel du tourisme de se prévaloir des "fameuses étoiles" qui permettent à ses clients d'avoir une première idée de son niveau de qualité.

Ceux qui s'appliqueront dès le 1er avril prochain ont été publiés au Journal Officiel de ce weekend et consacrent deux notions majeures du tourisme moderne: le digital et la "durabilité" ou sustainability, pour les amoureux des termes anglais.

En cette période compliquée qui a vu de nombreuses mutations (et de nouvelles attentes) dans l'univers du voyage et les attentes des voyageurs, la France inclut deux nouveaux "grands critères" inscrit "dans le marbre du plan "Destination France":

  • le digital avec ce que l'on pourrait qualifier de "service minuimum" comme le fait de proposer systématiquement l'accès au Wifi ... mais pas que, puisque des applications plus modernes comme "la dématérialisation du check-in" qui devient un critère à part entière pour les étoiles. Selon les défenseurs de cette clause (dont les professionnels eux-mêmes qui ont été interrogés par Atout France), il n'y aurait pas toujours intérêt à faire réaliser l'enregistrement par le personnel qui devrait plutôt se concentrer sur le service et l'hospitalité. Moins de "paperasse" et de friction à l'arrivée et plus de fluidité deviennent donc, à juste titre, des critères de grande qualité dans le classement français.

Autre critère en lien avec la digitalisation: la généralisation du QRCode pour mettre à disposition de ses clients le livret d'accueil de l'hébergement dans chaque chambre, la liste des activités à faire autour de votre adresse (le guide ou, dans le jargon elloha, La Conciergerie !) ... mais aussi, pourquoi pas, l’écriteau « Ne pas déranger » et la presse du jour. Bref, tout ce qui pourra être accessible en ligne doit l'être par le biais d’un QR Code ou tout autre moyen. Le fait que tout le monde dispose désormais d'un téléphone mobile ouvre donc la voie à de nouvelles exigences digitales dans l'accueil des voyageurs chez les établissements classés.


Même si du personnel reste à proximité en cas de souci, depuis sa création, chez Citizen M, tout est fait simplement par le client lui-même.

Autre sésame pour vos étoiles, le développement durable !

De toutes les nouveautés, en matière de critères, celui lié au développement durable et à l'empreinte écologique de votre établissement sera certainement le plus influent. Deux raisons à cela :

  • Dans le cadre du plan national pour le tourisme (post-covid), la France ambitionne de devenir la première destination touristique durable au monde et, pour cela, le nouveau protocole de classement étoilé s'appuiera sur pas moins de 12 critères !
  • Deuxièmement, mais c'est en lien avec le point ci-dessus, le développement durable est devenu une des attentes numéro 1 des voyageurs: quelle empreinte carbonne laisse-t-on, est-ce-que l'endroit où je me rends fait du "circuit-court", est-ce qu'il se distingue par des pratiques vertueuses en matière de respect de l'environnement, etc ?.. Bref, tout un tas de questions qui semble plus peser sur les "artisans du tourisme" que sur les grandes marques de distribution dont les consommateurs font moins cas de l'empreinte écologique dès lors que l'achat en question ne pénalise pas trop leur pouvoir d'achat ...

En tous les cas, Atout France se veut rassurant : ==sur ces 12 critères (au lieu de 3 actuellement), la totalité ou presque est accessible à tout opérateur touristique, d'autant plus que de nombreuses aides et des délais supplémentaires ont été accordés ces derniers temps pour parfaire chaque établissement dans les domaines suivants :

  • économie d'eau,
  • économie d'énergie et gestion des déchets,
  • ampoules basse consommation,
  • produits d'entretien respectueux de l'environnement,
  • obligation d'information des clients sur les solutions de mobilité douce à proximité du lieu de villégiature,
  • proposition minimale de 3 produits alimentaires issus du circuit-court lorsque l'établissement propose un service de restauration,
  • formation des personnels sur les 3 grands sujets d'économies de ressources,

Ces critères seront "impératifs" selon Atout France: en clair, pas de classement si l'établissement élude ne serait-ce qu'un seul de ces critères environnementaux.

Parmi les critères optionnels:

  • recyclage des eaux grises,
  • extinction automatique des lumières lorsque les chambres sont vidées,
  • mise à disposition de produits d’accueil écologiques dans la salle de bain.

D'autres "nouveaux critères" font leur entrée pour un classement plus actuel: désormais, le classement prendra en compte, par exemple, le fait qu'un établissement proposera du co-working, des chambres adaptées au télétravail, des espaces de réunion de nouvelle génération ... l'ambition, pour Atout France, étant de faire des hôtels autre chose que de simples lieux où l'on va dormir. Ce qui est quand même le cas pour une part croissante d'entre eux, partout en France.

À noter, enfin, que la France, dans le cadre du programme France Relance, a prévu de maintenir un dispositif d'aides et d'avantages fiscaux pour encourager cette évidente "montée en gamme digitale et écologique".

Pour rappel, le classement Atout France concerne les hébergements touristiques marchands et comprend les hôtels, les campings, les résidences de tourisme mais aussi les villages de vacances.

Enfin, une des nouveautés de ce début d'année est que, pour la première fois, les auberges de jeunesse auront leur propre classement (critères non encore connus), avec une mise en place au 1er juillet prochain. Selon Atout France, "il ne s'agira pas d'étoiles, mais de signes distinctifs qui doivent permettre de mieux faire connaître la montée en qualité de ces hébergements auprès des jeunes".

Avec ces nouvelles règles, la France veut donner le "La" en Europe en matière de critères "qui collent à la réalité des attentes du marché". La France, bon élève, dispose de 87% de ses chambres en "classé" tandis que d'autres pays européens ne dépasseraient pas les 50% (40% en Allemagne) et qu'un chemin vers l'harmonisation des critères, bien que très loin, semble de plus en plus prendre réalité. Tant mieux !