C'est la rentrée ... et l'heure des comptes !

"Le quoi qu'il en coûte, c'est fini !" a déclaré Bruno Le Maire, cette semaine, devant un parterre "approbateur" de chefs d'entreprises, lors des universités d'été du Medef. Tout autant, le tourisme devrait faire l'objet d'une attention particulière de l'Etat: ce 30 août, il sera bien le seul secteur nommément représenté à la réunion du ministre des finances sur les aides "spéciales" qui pourraient encore être apportées à des secteurs particulièrement exposés ... comme le tourisme !

Si l'Etat siffle - sans crainte de représailles - la fin du "quoi qu'il en coûte !", pour Bruno Le Maire, le ministre de l'économie et des finances, des aides "sur-mesure" pourront encore être apportées aux secteurs qui continuent de souffrir de la crise sanitaire: "Je donne rendez-vous le 30 août aux mondes de la culture, aux restaurateurs, aux bars, aux hôtels, au monde du tourisme en général, aux voyagistes...".

Et d'expliquer la méthode qui sera appliquée: "Nous regarderons ceux qui ont perdu du chiffre d'affaires pendant cette crise sanitaire et nous aiderons ceux qui ont perdu de l'argent à cause des règlementations sanitaires ... mais pour le reste que l'économie soit libre qu'elle crée des emplois et de la richesse sans le soutien de l'Etat".

Pour l'heure, rien ne filtre des dispositifs envisagés, mais il y a fort à parier que les relais patronaux seront écoutés pour définir les meilleurs leviers possibles et ce, en dépit, d'une saison d'été plutôt positive; même si elle a dû subir quelques à-coups comme le "trou d'air" de juillet provoqué par des annonces inquiétantes sur le front des contaminations.

Cette fin de saison n'est peut-être pas encore pour demain (lire notre article sur l'été indien qui se prépare) mais le gros du match est, on peut le dire, déjà joué. Parions que les prolongations seront fructueuses ...

Pour autant, l'Etat n'ignore pas que la saison 2021 aura encore été compliquée pour de nombreux acteurs du tourisme : entre le "trou d'air" de juillet, les destinations urbaines qui ont souffert (surtout, les hôtels) et la mise en oeuvre du pass sanitaire qui a quelque peu perturbé restaurateurs et lieux d'activités, le gouvernement s'attend, par conséquent, à devoir traiter un grand nombre de doléances.

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Selon l'étude ADN Tourisme (offices et comités du tourisme) publiée la semaine dernière, 2021 n'aura pas encore permis de retrouver les niveaux de 2019 et les spécialistes des destinations affirment que : "Juin 2021 a été bien meilleur que juin 2020 jugé très décevant, mais reste en dessous de 2019. Juillet est en progression, malgré un 14 juillet en milieu de semaine n’ayant pas généré le pic habituel de fréquentation. Au moment de l’enquête, août était annoncé majoritairement stable par rapport à 2020, une tendance à confirmer car certains territoires soulignent une tendance à l’allongement de la saison" indique le communiqué d'ADN Tourisme.

Source : ADN Tourisme (août 2021)

Côté business, l'étude ADN Tourisme révèle que *"en 2021, seuls 24 % des séjours ont eu lieu chez les parents et amis. Les séjours en hôtels sont, quant à eux, plus nombreux (26 % des séjours contre 18 % en 2020). Les locations de vacances auront accueilli 20 % des séjours, comme l’an passé".

Pour septembre et octobre, ADN confirme la tendance positive : "S'agissant des intentions de départ des Français : plus de 2 Français sur 5 ont prévu de partir en vacances et / ou week-end au mois de septembre (44%) et autant au mois d’octobre". Sans compter sur les 30% de français qui comptent bien partir en vacances à la Toussaint.

Bien sur, ces données sont "globales" et doivent être affinées selon les régions où les fortunes ont été diverses d'une destination à l'autre et d'un secteur à l'autre (hôtels, maisons d'hôtes, campings, locations ...).

Pour l'hôtellerie, ces disparités sont bien mises en évidence par la livraison du dernier "point" établi par le spécialiste français, MKG Consulting (voir ci-dessous). Pour ses analystes, l'été 2021 a été bien meilleur qu'en 2020 : +47% de chiffre d'affaires pour la période du 1er juillet au 21 août, même si c'est encore bien en deçà des niveaux d'avant COVID (-20,4% de chiffre d'affaires par rapport au 2019). Le secteur serait donc de nouveau sur les rails. Mais localement, les situations sont extraordinairement contrastées : si certaines destinations enregistrent de solides progressions, d'autres sont encore loin de retrouver leur niveau d'avant-crise.

Evolution du CA 2021 des hôtels par rapport à 2019

Evolution du CA 2021 (versus 2019) par agglomération

Source : MKG Consulting

Autre point positif, dans chaque région française, les prix moyens ont augmenté par rapport à l'été 2020, et dans beaucoup d'entre eux les prix ont également augmenté par rapport à 2019 ! Seule l'Ile-de-France affiche encore logiquement une nette baisse des prix moyens par rapport à la période d'avant-crise. (-14,5% par rapport à 2019, -15,4% sur Paris même).

Evolution des prix moyens des hôtels

Source MKG Consulting

"Dans les autres régions, les prix ont de nouveau augmenté par rapport à 2019. Encore une fois, c'est le littoral qui tire ce phénomène à la hausse dans le reste du pays, avec une hausse globale des prix de 9% mais jusqu'à +10% à +12% pour les destinations balnéaires" soulignent les experts de MKG Consulting.


Source MKG Consulting

Un bilan plus contrasté dans les autres secteurs

Si les chiffres de l'hôtellerie (y compris et surtout, ceux des campings) sont plutôt bons, selon un communiqué commun de l’Umih, du GNI, du GNC et du SNRTC, l’activité des cafés, restaurants et discothèques a connu, elle, une chute d’activité de 20 % à l’échelle nationale, par rapport à 2019.

Cette tendance ressort d’une enquête qui a été réalisée auprès de plus de 7 000 ces entreprises, partout en France. Là aussi, de très fortes disparités sont relevées selon les types d’établissements et les destinations. Selon les organisations syndicales, la mise en place du pass sanitaire, annoncée le 12 juillet et effective le 9 août, "a eu un impact certain sur l’activité des entreprises dans le secteur des hôtels, cafés et restaurants". Sans oublier les hôtels (et les hébergeurs, au sens large du terme) qui, selon les organisations professionnelles, "ont été victimes de nombreuses annulations et d’une chute des réservations dès le 12 juillet au soir".

Selon les patrons de bars et de restaurants, en dépit de chiffres estivaux qui ont pris des couleurs, leurs entreprises "restent en crise, cumulé à une arrière-saison qui inquiète la profession (tourisme mondial toujours bridé, évènements professionnels encore reportés, maintien du télétravail)". En conclusion, les organisations professionnelles demanderont ce 30 août au ministre Bruno Le Maire de prolonger le dispositif d’accompagnement qui devait prendre fin le 31 août 2021. Pour les patrons du secteur CHR (Cafés Hôtels Restaurants), "il est indispensable de prolonger le dispositif du Fonds de Solidarité au-delà du 31 août ainsi que le crédit de cotisations. Des solutions doivent également être trouvées pour repousser le remboursement des PGE. Les entreprises ne pourront pas faire face dans l’immédiat à leurs échéances. Elles risquent de disparaître".