La France peut-elle espérer une reprise hôtelière comme au UK ?

Londres a une heure de retard sur la France, mais un petit temps d'avance sur la sortie du Covid et la reprise de l'hôtellerie ! Le Royaume-Uni est leader européen de la reprise du remplissage des hôtels, avec (seulement) 21 % de moins qu’en 2019 sur sa meilleure semaine de juillet. Pour les spécialistes, les raisons de ce leadership européen : une vaccination massive, un déconfinement progressif, et le retour de la confiance. Sans aucun doute, la psychologie joue dans la qualité et le rythme de la reprise. L'exemple du UK semble préfigurer le meilleur des scenarii pour la France.

Le décalage entre le Royaume-Uni et l’Europe continentale sert finalement à quelque chose, car il permet de prédire l’évolution de l’hôtellerie française dans le contexte de la sortie progressive du Covid.

Ce n’est pas un effet un Brexit (!), mais une simple avance dont disposent les îles britanniques. Le pays continue de dominer l'Europe en matière d'occupation des hôtels, avec quatre semaines consécutives au-dessus de 60%, du 20 juin au 18 juillet, selon les données de STR, spécialiste en analyse de data sur le marché mondial de l'hôtellerie. "La demande est presque exclusivement axée sur le tourisme de loisirs, car le Royaume-Uni a bénéficié d'un programme de vaccination réussi, d'une réouverture progressive et d'un sentiment de voyage amélioré dans l'ensemble", affirme Thomas Emanuel, directeur de STR. Le royaume a même affiché un taux d'occupation de 63,5 % du 12 au 18 juillet, un résultat enviable, mais bien inférieur aux 84,5 % enregistrés lors de la période comparable, en 2019.

Les autres taux européens : une moyenne de 51,5 %
Sur la même semaine du 10 au 18 juillet, plusieurs pays européens ont affiché des résultats généralement situés au-dessus de la barre des 50 %. Les 51,4% obtenus par la France se situent dans la fourchette moyenne-basse des pays scrutés.


La clientèle domestique a largement soutenu la dynamique des hébergeurs, dans chaque pays. "Certains marchés européens réussissent mieux que d'autres à se relever des points bas de la pandémie malgré un vide massif d'arrivées internationales", observe T. Emanuel.

A expérience égale face au virus, chaque territoire a ses propres stratégies sanitaires et sa résilience nationale. Pour autant, le UK cultive des atouts par rapport à ses concurrents.

Percer le mystère anglais

Le Royaume-Uni a levé les dernières restrictions le 19 juillet, appelé "Freedom Day". Depuis, les nouvelles infections baissent chaque semaine de 21%, mais les contaminations continuent... avec 27.734 nouveaux cas le 27 juillet. Le Premier 1er ministre Boris Johnson affirme que "la partie est loin d'être gagnée" et qu'il "ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives", mais le pays est en train de sortir de sa troisième vague de virus et aperçoit le début du bout du tunnel. Ce mystère britannique interroge Mark Walport, ex-conseiller scientifique du gouvernement, selon lequel "les scientifiques se creusent la tête pour connaître les causes de cette baisse".

Les raisons qui entrent en ligne de compte :

  • 71,1 % des Britanniques ont reçu les deux doses de vaccin (50,5% des Français, au 27 juillet... et Israël administre la 3e dose au plus de 60 ans depuis le 30 juillet !)
  • Les congés scolaires
  • La hausse des températures incite à se réunir à l'extérieur
  • L'Euro de football, qui avait fait augmenter le nombre de cas, est terminé
  • Des centaines de milliers de personnes contagiées sont mises à l'isolement
  • Moins de personnes qui se testent... (les statististiques seraient alors faussées, mais néanmoins, la fréquentation hôtelière est bel et bien avérée !).

Il faut attendre pour savoir si la baisse continue... mais la performance des 63,5% fait saliver et rend carrément jaloux.

Le scénario britannique envisageable fin octobre en France ?

La baisse des chiffres des contaminations chez les Britanniques, après une forte vague épidémique liée au variant Delta, rend relativement optimiste.

Si le relâchement des restrictions est parallèle à une amélioration générale, tous les espoirs d'amélioration sont transposables en France. Selon Neil Ferguson, conseiller scientifique du gouvernement britannique, la crise est pliée :

"Les effets du vaccin ont considérablement réduit le risque d'hospitalisation et de mort (...) Je suis optimiste et j'affirme que fin septembre ou début octobre, nous aurons toujours le Covid, il y aura encore des décès, mais le pire de la pandémie sera derrière nous".

Moins enthousiaste, Philippe Amouyel, professeur de santé publique à l’Université de Lille, juge "difficile de faire des comparaisons internationales" et informe que le variant Delta est entré en France compte 1 mois après avoir pénétré le Royaume-Uni, sans compter que "les mesures qui sont prises dans chacun des pays diffèrent". La forte volonté de vaccination garantit une amélioration sanitaire dont dépend, par simple ricochet, la confiance des consommateurs d'hébergements.