L’État à la rescousse des loisirs indoor
Comme les hébergements, les cinémas, les théâtres et les tribunes des stades, les lieux de loisirs "indoor" - 2000 adresses en France - sont victimes du Covid. Jusqu’à présent, ce secteur était "oublié", pénalisé, face aux autres pros des loisirs: ils peuvent désormais recevoir une aide financière de l’État très attendue puisqu'elle peut grimper jusqu'à 90% de leurs frais fixes...
Une injustice est en passe d’être rétablie ! Les loisirs "indoor" (escape games, salles d'escalades, de trampoline, etc...) apparaissent enfin dans les radars de l'administration, après être restés camouflés par les autres secteurs dont l'aide financière était suspendue à la justification d'un agrément. Dans le grand chantier des indemnisations mises en œuvre par le gouvernement pour amortir les effets économiques dévastateurs liés au Covid, ces espaces fermés depuis avril 2020 peuvent espérer se refaire une santé, car désormais, ils sont identifiés.
Il faut dire que ces 2000 lieux - employant 12 000 personnes en France - sont généralement les espaces de jeu pour enfants, les parcs de trampolines, laser games, espace games, espaces de réalité virtuelle, bowlings et autres lieux récréatifs, labyrinthes mais aussi les salles de sport, padel, futsal, fitness, etc ... dans lesquels les français aiment à se divertir.
Ces établissements accusent, en général, une baisse de 80% du chiffre d’affaires par rapport à 2019 et affrontent des charges fixes supérieures aux aides du fonds de solidarité engagé par le gouvernement. Ces lieux exigent naturellement une surface importante, les loyers à payer y sont souvent exorbitants, surtout lorsque les recettes sont nulles. Leur niveau de charges incompressibles représente généralement 70% du chiffre d’affaires; des frais fixes qui les ont rendus victimes de leur modèle économique. Comme pour les enfoncer davantage, le déconfinement de l’été 2020 ne leur a pas profité, car l’été, la clientèle préfère les activités de plein air plutôt qu'en salle...
Ce secteur en passe d’être sauvé a connu une forte croissance avant la crise, grâce à de nouveaux concepts qui ont dépoussiéré le genre: on a vu naître en 2019 des espaces géants comme le Cosmic Park à Nancy (6000 m2), Big Little à Mulhouse (3.500 m2) et Fun Space (2.000 m2) à Sens. Un nombre significatif de professionnels du loisir risquait donc de se retrouver sur le carreau faute d’aides à la hauteur de leur manque à gagner.
Ouistiti Compagnie, Angers © Ouistiti Compagnie
Des lieux générateurs de clusters
Les escape games et les parcs de jeux pour enfants, notamment les incontournables structures gonflables et les structures à balles de couleurs, font partie des espaces redoutés par le gouvernement du fait leur fonctionnement est largement basé sur le brassage et l'interactivité. "En termes de gestes barrières, on cochait toutes les mauvaises cases", avoue Maxime Yonnet, qui a lancé l’escape game la “Gaillard Académie”, en 2016 à Brive-la-Gaillarde, en Corrèze. Ces lieux clos, plus ou moins lugubres seraient, selon les autorités sanitaires, de parfaites bulles de Covid.
Le concept des escape game, apparu au Japon, arrivé en France en 2013, a connu une croissance extraordinaire ces dernières années; à raison d’une nouvelle structure inaugurée tous les trois jours en 2016. L’Hexagone abritait 858 escape games en 2020, présents dans 561 communes. L’écrasante majorité de ces activités sont des TPE.
Prise en charge jusqu'à 90% des frais fixes
En décembre, le lobby des lieux indoor réclamait une aide mensuelle de 17.000 euros par entreprise, pendant 10 mois, pour faire face et redécoller. Cette association professionnelle, le SPACE, a supplié le gouvernement de prendre en compte ses spécificités. Opération réussie. Certains ont reçu les aides dévolues aux entreprises en général, par exemple 25.000 euros, mais le loyer de 20.000 euros dont s'acquittent, en moyenne, ces acteurs, a rendu le dispositif dérisoire. L’aide spéciale était donc justifiée pour ces patrons d'espaces qui ont été les grands oubliés de la solidarité publique: le plan de solidarité envers les entrepreneurs du loisir a été annoncé le 5 février dernier par le ministre délégué aux PME, Alain Griset. Il comprend des mesures complémentaires destinées à éponger les lourdes pertes, particulièrement liées aux loyers. Pour ces entreprises d’une surface moyenne de 800 à 2000 mètres carrés, Alain Griset prévoit la prise en charge des frais fixes à hauteur de 70 % et même 90 % pour les entreprises de moins de 50 salariés, largement majoritaires. Ce coup de pouce se limite à 3 millions d'euros par groupe, pour la période de janvier à juin 2021. Autrement dit, le plancher de 1 million d'euros de revenus mensuels, exigé auparavant, n’est plus considéré… d’autant plus qu’aucun lieu de loisirs n’atteignait ce niveau avant la crise.
Comment ça marche ?
La simplification des démarches n'est pas encore au top, mais des progrès ont été effectués : pour établir un diagnostic rapide de votre situation, faites appel aux professionnels de la Chambre de Commerce et d'Industrie la plus proche de chez vous. Le gouvernement a engagé l'ensemble des CCI à se rendre disponibles et efficaces envers les entreprises fragilisés par le Covid, car il y a des échéances à tenir. Les n° de téléphone et mails directs des agents sont à consulter sur ce site dédié. Chacun est formé pour vous fournir une réponse précise et utile.