Philippe, hébergeur : "Je ne veux pas proposer une expérience diminuée"

Là où certains parlent de réalité augmentée, l'expérience, la vraie, doit tenir ses promesses et ne pas se transformer en "expérience diminuée". C'est ce que pensent de nombreux hébergeurs qui, même si les fermetures administratives ne les concernaient pas directement, ne veulent pas proposer un "désert" expérienciel et sensoriel à leurs clients. C'est ce principe qu'appliquent de nombreux hébergeurs comme Philippe Etcheverry, propriétaire de maison d'hôtes dans le Pays Basque ...

Pour de nombreux hébergeurs, par les temps qui courent, mieux vaut ne pas en faire des tonnes pour remplir son hébergement si les conditions ne sont pas au top pour offrir une expérience digne de ce nom à ses clients. Pour ces hébergeurs, le risque de les décevoir, par manque de loisirs annexes qui enchantent les séjours est bien trop important. Pour de nombreux hébergeurs comme Philippe Etcheverry du Pays Basque, c'est aussi une question de stratégie: rester discret, pour préserver son image tout en se préparant à une reprise digne de ce nom pour accueillir les clients dans les meilleures conditions.

La crise persistante et le flou qui règne sur le calendrier des prochains mois n’autorisent aucune improvisation stratégique. Vous êtes tenté par un gros coup de boost sur vos réservations, en allouant un budget publicitaire ou en redoublant d’activité sur les réseaux sociaux ? Soyez prudent, ne séduisez pas les visiteurs avec une destination privée de tous ses atouts. Philippe Etcheverry, propriétaire de la chambre d’hôtes Irigoian, à Bidart, au Pays Basque, a choisi de ne pas s’emballer, à l’approche des vacances d’hiver et en prévision de celles du printemps. Cet ancien correspondant du Monde, et de France 2 l'avoue:*“Je souhaite conserver le plaisir d’accueillir les gens !".

Philippe Etcheverry © Irigoian

elloha : Vous refusez le forcing pour remplir votre hébergement. Pourquoi ?

Philippe Etcheverry : Pour me protéger. Cette période de Covid est remplie de “peut-être”, l’incertitude est très forte. Je préfère donc ne pas prendre de risques à augmenter la fréquentation de mon hébergement de manière poussive, pour ne pas décevoir des visiteurs séduits par l’ambiance du lieu, mais potentiellement désabusés par l’absence d’activités. Début janvier, j’ai adressé mes vœux à mes clients, par mail, mais je n’ai volontairement pas lancé de campagne spécifique, je n’ai pas fait de newsletter. Je ne souhaite pas aller les chercher, car je me mets à leur place, je ne voudrais pas qu’il viennent par défaut et qu’ils s’ennuient ! Plutôt que leur donner un produit diminué, j’attends les beaux jours pour leur donner la pleine la potentialité de Biarritz et du Pays Basque. Je veux leur éviter un séjour qui les obligerait à s’enfermer dans leur chambre à 18h.

Photo by mauro paillex / Unsplash

Q:Renoncer pour réussir ?

Philippe Etcheverry:
Pas renoncer, mais réduire la voilure promotionnelle. J’ai un excellent produit, mais je ne veux pas le donner à moitié, car les séjournants en auraient un souvenir négatif. Je préfère une mariée toute belle à une pauvre fiancée ! Je n’aime pas faire les choses à moitié. Actuellement dans notre situation spécifique, il serait contre-productif d’en faire trop dans le marketing. L’expérience de la période Noël-Jour de l’An a démontré la difficulté de proposer des séjours avec l’agrément qu’on attend au Pays Basque. Nous avons mis en place un système de click and collect avec de nombreux restaurants, cela a très bien fonctionné, c‘est très varié. Je réchauffe les plats, je prépare des soupes, c’est formidable. Mais nous avons dû faire face à l’absence des parties de pelote, à la fermeture des musées et des restaurants, à la suppression des visites guidées… ce n’est pas drôle. Évidemment, nous allons soigner les amateurs de pleine nature et les surfeurs qui viendront !


Chambre d’hôtes Irigoian, Pays Basque © Irigoian

Q:Vos prestations ne suffisent pas ?

Philippe Etcheverry:
Nous avons l’avantage d’avoir un espace piscine, un hammam, une salle de jeux, ça fonctionne toujours et ça plaît. Sous nos fenêtres se déroulent des stages de golf, ce qui attire jusqu’à 30% de mes clients hors saison. Mais le public souhaite aussi visiter, voir, découvrir un territoire, ce qui n’est plus tout à fait possible. Avec l’Agence d'attractivité et de développement touristiques, dont je fais partie, nous essayons tous de trouver des idées inédites, mais, malgré nos multiples richesses, ce n’est pas simple. La frontière étant fermée, nos clients ne peuvent pas profiter d’une journée à Saint-Sébastien, ou visiter le musée Guggenheim de Bilbao. Notre offre élargie s’est fortement réduite.

Q:Quelles sont vos prévisions ?

Philippe Etcheverry:
2020 n’a pas été catastrophique, nous avons parfaitement réussi l’été. Toute l’année, j’ai reçu des personnes déjà venues il y a 3 ans, 5 ans, 10 ans, 15 ans ! Les gens reviennent, mais je pense que cette année, ils vont réserver au tout dernier moment, à cause des incertitudes et selon les annonces du gouvernement. Nos clients viendront vraisemblablement des régions de Bordeaux et Toulouse. Je reste convaincu que l'on sera sur un marché très local et je me prépare en ce sens ...

Vacances d’hiver et de printemps : les dates (sous réserve des annonces gouvernementales)

Dates des vacances d’hiver :
Zone A : fin des cours samedi 6 février, reprise le lundi 22 février.
Zone B : fin des cours samedi 20 février, reprise lundi 8 mars.
Zone C : fin des cours samedi 13 février, reprise lundi 1er mars 2021

Dates des vacances de printemps :
Zone A : fin des cours samedi 10 avril, reprise lundi 26 avril.
Zone B : fin des cours samedi 24 avril, reprise lundi 10 mai.
Zone C : fin des cours samedi 17 avril, reprise lundi 3 mai.

Zone A : académies de Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon, Poitiers
Zone B : Aix-Marseille, Amiens, Caen, Lille, Nancy-Metz, Nantes, Nice, Orléans-Tours, Reims, Rennes, Rouen, Strasbourg.
Zone C : Créteil, Montpellier, Paris, Toulouse, Versailles.