Le Covid fait décoller l’Aveyron et la Lozère : les pros racontent
Nos témoins confirment les observations du gouvernement : juillet 2020 a été bénéfique aux destinations Aveyron et Lozère, sous l’effet de la relocalisation du tourisme français et l’image naturelle de ces deux départements.
La Lozère et l'Aveyron font partie des destinations au top de cet été 2020, selon le secrétaire d'État chargé du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, qui a révélé ce succès le 29 juillet. Le tourisme local en France en raison du Covid est un avantage pour les destinations éloignées des grandes villes, perçues comme naturelles, voire sauvages. Parmi les centaines de milliers de Français ayant renoncé à leurs vacances à l'étranger, nombreux partent à la découverte de coins du pays qu’ils n’auraient peut-être jamais connus. Cet “effet positif” du Covid-19 transparaît notamment de Florac à Millau.
“Juillet 2020 a été bien meilleur que juillet 2019”
Dans la cité au célèbre Viaduc, le propriétaire du Gîte des grands Causses, Laurent Lacombe, constate des séjours plus longs, ce qui assouplit les tâches à accomplir : en juillet “les clients sont restés facilement 4 à 5 jours, voire une semaine, alors qu’auparavant ils restaient une seule nuit, parfois deux”. Globalement, juillet 2020 “a été bien meilleur que juillet 2019 et juillet 2018”, assure ce professionnel, qui évalue à 10 % la hausse de fréquentation. L’effet coronavirus est clair dans cet hébergement de pleine nature composé de 50 couchages distribués en 12 chambres. Après un trimestre printanier anéanti, juillet 2020 annonce un mois d’août sous la même dynamique.
Les clients ? “Ils sont différents ! Plus exigeants, car ils sont habitués aux hôtels : lorsqu’ils demandent un room-service, je leur explique comment fonctionne un gîte”. Le pique-nique préparé par le patron pour ceux qui souhaitent se restaurer à l’extérieur est un enchantement pour ces hôtes d’un nouveau genre, parfois capricieux. Le Gîte des grands Causses est habituellement fréquenté par des Français, sans prépondérance régionale. Ce (non) profil n'a pas changé, mais ils sont plus nombreux.
“Nos touristes anglais sont parfaitement remplacés par des locaux”
La tendance est aussi à la hausse, et davantage bleu-blanc-rouge que les étés passés, chez Cap Canoë, dont le responsable d’accueil est Paolo Sevegnes. “D’habitude, nous avons un tourisme très anglais, très étranger, mais cette année, les gens consomment local”. Son entreprise assure la location de canoës-kayaks et de paddles sur les eaux de la rivière Aveyron. Il détaille : “on a beaucoup plus de clients de la région toulousaine, d’Agen, et même de Carcassonne et Narbonne. Cela comble parfaitement la différence provoquée par l’absence des étrangers, malgré les mesures Covid qui nous obligent à limiter le nombre de personnes sur notre base de départ et sur la rivière“.
La pandémie serait un “avantage” pour cette structure de loisirs ? “Le Covid a amené une logistique plus globale, les clients attendent beaucoup moins longtemps pour embarquer… j’espère conserver cette fluidité les années prochaines”. Chez Cap Canoë, fin mai, on a même vécu un début de saison “meilleur que l’année dernière”.
“Tous les hébergements sont complets”
L’Office de Tourisme des Cévennes au Mont Lozère est partenaire de 200 établissements. Sa directrice, Lucie Bonicel, souligne la multiplication des réservations de dernière minute, que “l’on ne peut pas toutes satisfaire”, et confirme que le département 48 est une destination très prisée cet été. “Tous les hébergements sont complets”. La boutique de l’Office, où l’on vend des livres régionaux et des cartes géographiques, voit son chiffre d’affaires progresser de 15% depuis le début de la saison, malgré la contrainte de recevoir les visiteurs un par un. “Si ça continue comme ça en août et en septembre, nous rattraperons une partie des manques, car l’avant-saison a été très mauvaise". Après l’accueil d’une clientèle de “limitrophes” en juin, on est venu “de toute la France” en juillet, et la région parisienne devrait se presser en août. En Cévennes-Mont Lozère, où la fréquentation étrangère est normalement importante, la présence française devrait sauver la saison.