Plan de déconfinement: ce que cela implique pour le tourisme
Des plages ouvertes mais sous condition validée par les préfets, "des lieux de sociabilité encore limités", des déplacements au-delà des 100 Kms au-delà du 2 juin si les conditions sanitaires le permettent et, peut-être, un retour des vacanciers européens à valider d'ici la mi-juin ... la conférence de presse de cet après-midi ne donne aucune garantie et c'est normal mais lève le voile sur des questions importantes liées au tourisme et à la prochaine saison estivale...
Le Premier Ministre Edouard Philippe vient de terminer sa conférence de presse sur la présentation du plan de déconfinement mis au point par Jean Castex. Entouré de sept de ses ministres, Edouard Philippe a détaillé le plan des 3 prochaines semaines puisque c'est désormais sur ce rythme des "3 semaines" que nous allons voir comment la situation va évoluer... Pour le tourisme et la saison d'été, voilà ce que l'on pourrait en déduire
La 11 mai sera donc une date importante ... et un soulagement, aussi, puisque le déconfinement a été confirmé d'emblée par le Premier Ministre. Toutefois, ce dernier a précisé qu'il avait "une bonne et une moins bonne nouvelle à annoncer":
- le pays est divisé en deux (entre deux zones vertes et rouges) avec des points d'attention très forts sur Mayotte et l'Ile de France (du fait de sa densité démographique et des transports publics),
- des mesures supplémentaires de déconfinement pourront être prises d'ici à 3 semaines si, dans les zones vertes, la situation "favorable" se confirme. Et, dans ce cas, le Premier Ministre a rappelé que cela pourrait aussi concerner "les lycées mais aussi les cafés et les restaurants dans des conditions à définir".
Voilà donc une première lueur d'espérance pour de nombreux professionnels du tourisme qui redoutaient une "France des restaurants" à l'arrêt; ce qui aurait pu affecter un tourisme atone en raison d'un véritable désert de restaurants.
Selon Christophe Castaner, les déplacements seront libres dès le 11 mai mais de sérieuses précautions devront être respectées par tous; amendes et pénalités à l'appui. Jusqu'à 20.000 gendarmes et policiers seront mobilisés pour encadrer l'organisation des transports.
Les plages vont pouvoir rouvrir si les maires prennent des mesures concrètes pour protéger les populations
Comme l'a indiqué Edouard Philippe, "Nous sommes convenus que, pour des raisons de prudence, les plages devaient rester fermées, mais nous avons décidé ce matin même que les préfets pourraient autoriser les maires qui présentent des solutions qui garantissent la sécurité de tous".
Christophe Castaner vient de l'affirmer : "S'agissant des plages, lacs et autres points d'eau, ils resteront - en règle générale - fermés. Toutefois, les maires devront présenter un dispositif pour garantir les distanciations physiques. Si ce dispositif est approuvé par les préfets, les plages et les points d'eau pourront rouvrir..."
Pour le Premier Ministre, ces décisions doivent être prises au cas par cas "car, d'un territoire à l'autre, les plages ne se ressemblent pas. Entre les plages de galets du Havre et les petites criques sablonneuses de la Méditerranée, il y a forcément des réponses différentes ...".
Le retour des touristes européens après le 15 juin ?
Le ministre de l'intérieur, Christophe Castaner a indiqué qu'à ce jour : "Aucune sortie du territoire européen n'est permise jusqu'à nouvel ordre (NDLR: et, bien sûr, aucune entrée sauf mise en quatorzaine). En ce qui concerne les frontières intra-européennes, elles resteront fermées jusqu'au 15 juin au moins. Mais elles pourront être levées à cette période si les conditions sanitaires sont plus favorables d'ici là ...".
Cette affirmation laisse donc planer la possibilité d'un retour à la "normale touristique" d'ici mi-juin ou début juillet si, partout en Europe, une décrue irréversible de l'épidémie est constatée. L'hypothèse reste encore très incertaine car le déconfinement n'est que très récent dans certains pays européens (2 semaines, en Allemagne) et qu'il est encore prématuré de savoir si cette situation arrivera.
Pas de déplacement dans les résidences secondaires d'ici le 2 juin au moins
Le Premier Ministre a été très clair : "Se rendre dans sa résidence secondaire, si elle se situe au-delà des 100 Kms de sa résidence principale n'est pas un motif impérieux et reste donc prohibé". Cela signifie donc que la saison, si elle doit démarrer, ne pourra pas reprendre avant, au moins, la mi-juin ... et en tous cas, pas avant les annonces qui suivront le prochain point d'étape de début juin.
La règle des 100 Kms
Pour autant, la règle d'or du moment est de ne faciliter aucun brassage de population, aucune migration entre les régions et les départements. Et cette règle vaudra à partir du 11 mai mais, possiblement au-delà si les conditions sanitaires dans le pays (et donc, en Europe pour les européens) ne sont pas réunies.
Les chauffeurs routiers ou les personnes qui devront porter assistance à un parent pourront partir au-delà de 100 Kms sur présentation d'une nouvelle attestation. Toutefois, il sera possible de parcourir plus de 100 Kms tant que l'on reste dans son propre département en veillant, toutefois, à présenter un justificatif de domicile ou une attestation d'assurance.
Pour l'instant, donc, il n'est pas encore possible de quitter son département pour aller se délasser ailleurs mais rien n'interdit les habitants d'un même département de se rendre dans les hôtels, campings et maisons d'hôtes. Ces courts-séjours ne devraient pas donner lieu à de grands rassemblements (du moins, d'ici au 2 juin) puisque Christophe Castaner a précisé que :"Les rencontres entre amis ou en famille sont autorisées bien sûr, mais aucun regroupement au-delà de plus de 10 personnes ne sera autorisé."
Dans le même temps, il a été rappelé que "les cinémas et les salles de spectacles ou tout lieu couvert resteront fermés jusqu'à nouvel ordre.(et de rappeler que)*La bonne mise en oeuvre de ces règles dépend de la bonne implication de chacun. Notre civisme collectif, c'est notre réussite collective !"
Pas de festival d'ici septembre mais des possibilités cet été
Selon Christophe Castaner, "es rassemblements de plus de 5000 personnes sont prohibés d'ici à fin septembre"; ce qui laisse donc l'espoir à de nombreux organisateurs de maintenir le calendrier de certaines manifestations à "taille humaine" tout en veillant à sécuriser l'accueil des participants et le maintien des gestes barrières. Cette information laisse donc espérer une reprise timide de l'activité touristique, bien évidemment, si les conditions sanitaires sont réunies et se confortent d'ici le mois de juin.
Des départs en vacances cet été ?
Toutefois, il n'est pas encore précisé si les français pourront partir en vacances cet été ... au-delà de leur propre département. Il est encore trop tôt pour le savoir car le gouvernement va garder les yeux fixés sur les indicateurs de santé.
D'ici là, les déplacements interregionaux (via les transports en commun comme les TGV) seront encore "fortement limités" (avec des capacités d'accueil maximales de 50% d'ici à quelques semaines), comme l'a indiqué Elisabeth Borne, tandis que le port du masque sera toujours obligatoire (sous peine d'amende). Et que - amende, toujours - il en coutera 135 euros de monter à bord d'un TGV sans réservation préalable, même si l'on a payé son billet.
"Dans trois semaines, a souligné le Premier Ministre, nous saurons si nous pourrons nous ouvrir à de nouvelles libertés ... notamment, dans la perspective de l'été prochain. Si ce n'est pas le cas, nous devrons prendre des mesures contraignantes et je le regrette".
Pour Edouard Philippe, la situation est loin d'être totalement réglée et le déconfinement n'est qu'un début qui va demander beaucoup de rigueur partout en France:"Nous allons devoir vivre avec ce virus et il nous faut donc nous en protéger. C'est pour cela que nous recherchons un équilibre dont j'avais présenté la stratégie le 28 avril dernier devant l'Assemblée Nationale...". Cette stratégie s'appuie sur Le rapport de Jean Castex qui sera rendu public dans les jours qui viennent.
Une annulation des charges et une attention sur les salariés
Tour à tour, Bruno Le Maire, ministre de l'économie, et Muriel Pénicaud, ministre du travail, ont rappelé deux informations importantes :
- mettre le paquet sur le redémarrage de l'activité et l'aide aux entreprises les plus impactées dont celles du tourisme qui bénéficieront d'une annulation pure et simple de la part patronale des charges sociales pour le trimestre en cours,
- organiser la sécurité des salariés dans la perspective de la reprise en mettant en oeuvre des protocoles stricts avant toute reprise d'activité dans les établissements,
Toutes ces annonces et ces interprétations doivent être prises avec précaution
L'exercice du gouverment est très délicat car la visibilité reste encore très limitée sur la situation sanitaire et donc sur le calendrier des semaines à venir en matière de déconfinement et, pour la séquence qui suit immédiatement, de tenue d'une saison estivaleq qui ressemble (presque) à une vraie saison estivale.
D'ailleurs, en réponse à plusieurs médias, le Premier Ministre a rappelé que tout ce qui est fait aujourd'hui est imaginé pour éviter une nouveau confinement, comme le soulignait Jean Castex devant les sénateurs, cette semaine.
Un maître-mot: la progressivité
Durant cette conférence, dans l'ordre, le Premier Ministre a donné la parole aux ministres en charge des questions les plus immédiates, par ordre d'importance ou par priorité chronologique :
- Olivier Veran, ministre de la santé, qui a rappelé le maintien de principes stricts de précaution durant cette nouvelle période pour éviter une reprise épidémique que tout le monde continue de craindre,
- Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, qui a rappelé l'importance d'assurer une rentrée scolaire effective pour parer le risque aigue de décrochage scolaire chez certains enfants. Cette rentrée scolaire ne manque pas, toutefois, de créer de nombreuses interrogations et polémiques, mais le ministre s'est voulu à la fois rassurant et souple pour expliquer que rien de cela ne se fera à "marche forcée". Le terme de progressivité est d'ailleurs souvent revenu dans la bouche des différents ministres. Selon le ministre de l'éducation, de 80 à 85% des écoles devraient rouvrir dès les prochaines semaines.
- Elisabeth Borne, ministre des transitions, a indiqué pour sa part que les règles de protection réciproque seraient très strictes dans les transports publics; ce qui garantirait, dans les semaines ultérieures, une montée en puissance de la capacité d'accueil des transports publics (aujourd'hui, limitée à 6%).