Google et Amazon ... un peu plus près de vendre du voyage


Google Trips aura bientôt cessé de vivre ... dans sa version mobile. Cette application mobile - disponible sous Android (le système d'exploitation propriété de Google) et iOS (c'est-à-dire, pour les iPhones) - va céder la place à un service web du même nom qui sera donc accessible depuis un ordinateur de bureau, un téléphone mobile ou une tablette.

Son interface est épurée (toute blanche) affiche les offres selon une disposition très vendeuse, sans agressivité aucune ... une stratégie à l'opposé des écrans "chargés" de certains OTAs.

Comme à son habitude, Google teste donc discrètement (ou via une application mobile) l'intérêt des internautes pour ses nouveaux services avant de les généraliser auprès du "grand public" si l'intérêt est confirmé. Et c'est le cas pour les voyages.

Sur Google Trips, il est également possible de trouver des packages au départ de votre ville. Ici, au départ de Perpignan, le siège de elloha !

Google Trips - uniquement en anglais pour l'instant - ambitionne donc de devenir un espace entièrement dédié au voyage et aux loisirs où il vous sera possible, sans aller voir ailleurs, de trouver vos horaires et vos billets d'avion et de trains, vos hôtels et locations de vacances, vos locations de voitures, la réservation de vos tables au restaurant et, de plus en plus, vos activités et vos loisirs à l'autre bout du monde ou juste à côté de chez vous !

Cette nouvelle version de "Trips" est regardée de près par tous les acteurs du tourisme et des loisirs en ligne. En effet, jusqu'à présent, Google se contentait de se voir déversés dans ses caisses les milliards de dollars que les OTAs lui donnaient en échange de publicités et de paiement-au-clic. La tentation de Google de rester un acteur "dormant", un espace publicitaire privilégié pour le voyage, était donc assez compréhensible. Mais, un écran aussi épuré soit-il en dit long sur les tentations de Google de devenir un véritable OTA et prendre les commissions en direct plutôt que de n'en recevoir qu'une partie de Booking, Expedia et autres acteurs majeurs de la planète.

Autre évolution majeure, même si ce qui n'est encore qu'un test (voir ci-dessous), la (future ?) nouvelle version de ses pages "hôtels" donne une idée précise de la direction que prend Google (visible par une partie de la planète seulement, compte tenu du test) dans l'univers des hôtels: désormais, sur ce test, apparaissent des informations mieux détaillées (comme le site web de l'hôtel et sa ligne directe ...) en plus des prix en temps réel qui permettent aux clients de Google de réserver en direct ...

D'ailleurs, pour Olivier Gremillon, le vice-président de Booking, interrogé par Tourmag, les OTAs ne sont pas dupes de la menace qui se trame: "En même temps quand une entreprise développe un produit de vols, puis un autre d'hôtel, etc. Tout le monde se doutait qu'ils allaient tout rassembler dans une même plateforme. C'était chose faite sur la partie mobile l'année dernière, puis maintenant le desktop, c'est le sens de l'histoire."

De son côté, un autre acteur - le "A" de GAFA pour Amazon - relance aussi les spéculations sur son arrivée imminente dans le secteur du voyage. Cette semaine, PhocusWright a révélé que le géant mondial du commerce en ligne (toutes catégories confondues) se lançait lui aussi dans le voyage avec la vente en ligne de billets d'avions à ses clients indiens ... un marché immense mais encore trop loin de ses marchés "naturels" que sont les continents américains et européens.

Cette immixion (après plusieurs tentatives non convaincantes) d'Amazon dans l'univers du voyage semble être un test grandeur nature qui annonce d'autres expériences à venir (on parle du rachat d'un OTA par Amazon et de la mise en vente d'activités et de loisirs) dans un contexte de pleine maturité pour la compagnie de Jeff Bezos.

Avec ses millions de clients et ses adhérents au service Prime, Amazon peut nourrir de sérieuses ambitions dans le domaine et proposer, par exemple, des réductions supplémentaires significatives sur les billets d'avion, de l'ordre de 2 à 6%, là où, en général, les marges consenties par les compagnies aériennes à leurs distributeurs sont très basses. En Inde, par exemple, en réservant via Amazon, un adhérent Prime pourrait "toucher" ses billets d'avion à des prix 9 à 12% moins cher que le marché ...

Le fait pour Amazon de commencer par l'aérien n'est pas innocent : cet univers est habité par moins d'acteurs (les compagnies aériennes) que dans l'hotellerie et, dès lors, le regroupement d'un inventaire significatif est plus aisé que de se lancer de but en blanc dans la réservation d'hébergements.

Le modèle actuellement testé par Amazon consiste à "héberger" sur ses pages les services de voyages créés par d'autres (comme, en Inde, avec le vendeur de billets d'avions Cleatrip) que de créer ses propres services de réservation comme l'expérience avait tourné court en 2014.

En ce qui concerne l'hotellerie et les hébergements, des rumeurs insistantes parlent d'une acquisition d'Expedia par Amazon ou, a minima, d'un partenariat commercial plus étroit dans lequel Amazon hébergerait l'offre d'Expedia dans ses pages et où les deux partenaires se partageraient la commission facturée à l'hôtelier.

Le point fort d'Amazon réside dans son extraordinaire portefeuille de clients (et notamment des fameux adhérents à Amazon Prime) mais aussi et surtout de la visibilité extraordinaire qu'offre son portail du fait de son audience mondiale et de sa capacité à s'imposer de plus en plus comme un véritable moteur de recherche. Dans ce cas, Amazon ne menacerait pas les OTAs mais bien Google qui, en mettant le turbo sur le voyage et les attractions, vise aussi à se prémunir contre le géant du commerce en ligne; de fait, son principal rival.