AirBnB dispose de 70% d'adresses "exclusives" et booste son offre d'expériences
Les OTAs passent à la vitesse supérieure en matière de distribution exclusive. Les pros s'interrogent tandis que certains territoires s'organisent pour saisir le maximum d'opportunités tout en préservant l'indépendance de chacun.
La multiplication des OTAs et des channel manager pourrait laisser croire que "tout le monde se vend partout, sur les mêmes portails" et que l'on peut donc trouver tel appartement ou telle ou telle maison d'hôtes à la fois sur Booking, Expedia et AirBnB, par exemple.
Ce ne serait pas le cas selon le fondateur d'AirBnB, Brian Chesky, qui a déclaré la semaine dernière, lors de la conférence Recode, que 70% de ses 3,5 Millions d'adresses étaient totalement exclusives à AirBnB et donc, n'était pas réservables ailleurs.
Pourtant, Booking communique régulièrement sur la croissance de son inventaire de locations de vacances qui lui permettent de rivaliser, voire de dépasser AirBnB en termes de volumes; à croire que les offres "uniques" courrent les rues...
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"Exclusivité" ... le terme est pourtant lâché et il dénote bien ce vers quoi tendent les OTAs; du moins, les 3 plus gros: "Si vous voulez que l'on valorise bien votre offre, ne l'exposez pas ailleurs ...". Cette stratégie sera certainement la plus importante des prochains trimestres car, on le sait, le succès des OTAs tient à l'immensité de leur catalogue (comme iTunes en son temps) mais aussi à son "exclusivité". Plus le catalogue est important et exclusif, plus les OTAs parviennent à attirer et à fidéliser "leur" clientèle: mais qu'est-ce-que les pros ont à gagner à donner une exclusivité ? En échange, obtiendront-ils une garantie de réservations ? Un taux de remplissage minimum ? Cela reste à voir pour que cette exclusivité satisfasse tout le monde en même temps...
Le Morbihan et le Pays Basque rejoignent les expériences AirBnB
Cette stratégie d'AirBnB - celle de l'exclusivité - s'applique aussi aux activités et aux loisirs que le géant mondial développe à travers son programme AirBnB Expériences: les professionnels qui souhaitent vendre leurs activités sur AirBnB ne peuvent le faire que de manière exclusive et seulement pour des groupes composés de clients AirBnB.
Et c'est normal ! Pour Brian Chesky, ce marché (encore embryonnaire) s'avère encore plus rentable que celui des hébergements ! D'ailleurs, le fondateur d'AirBnB en a profité pour annoncer que, d'ici fin 2018, AirBnB Expériences passerait de 60 villes à plus de 1000 villes à travers le monde ! Un business qui aurait progressé de 92% sur les 12 derniers mois !
En France, après Paris, Bordeaux et Lyon, AirBnB proposera aussi des expériences dans le Morbihan et le Pays Basque. Mais aussi à Grenoble, Montpellier, ou Nancy pour le réseau des "grandes villes".
Dans le Morbihan, justement, la notion d'activités réservables en ligne est une réalité depuis bientôt un an puisque le comité départemental du tourisme a développé sa propre plateforme (en collaboration avec elloha) pour agréger l'exhaustivité de son inventaire et permettre à ses pros de se vendre sur un maximum de canaux à la fois.
Pour Patrick Levy, son directeur général: "Le rôle d'un CDT ce n'est pas de vendre à la place des pros ou de substituer aux grands canaux: notre rôle c'est d'aider les pros à monter rapidement à bord d'un marché qui évolue à la vitesse de la lumière et face auquel ils sont souvent trop isolés. Et puis, cela permet "de chasser en meute" au niveau de la destination. Cela fait bien longtemps que nos élus ont compris que ce qui fait le tourisme, ce n'est pas que l'image, mais c'est d'abord l'offre. En ce sens, on peut dire que nous sommes totalement alignés sur les stratégies des OTAs. Mais nous réfutons toute idée d'exclusivité car cela signifie perte d'indépendance pour les pros et donc, pour les territoires..."
Pour Patrick Levy (directeur général) et Gérard Pierre (président) du comité du tourisme du Morbihan: "Les OTAs ont des logiques propres, mais elles ne doivent jamais entamer l'indépendance de nos pros".
Pour le patron du CDT du Morbihan, toutefois, la notion d'exclusivité imposée par AirBnB n'est pas incompatible avec sa philosophie de garantir l'indépendance des pros : "Nous les équipons avec des outils qui, justement, leur permettent à la fois de se vendre sur les OTAs, de leur réserver certains produits au besoin mais, surtout, qui les aident à se vendre en direct pour conserver leur indépendance. Si nous abandonnons cette mission, alors nous ne servirons plus à rien !"
Les territoires les plus en avances sont donc engagés dans ce que les québecois appeleraient des "accomodements raisonnables" car ils n'ignorent pas non plus la puissance du business que peuvent potentiellement générer les OTAs sur leurs professionnels. C'est pourquoi personne n'est choqué qu'un pro du loisir qui veut se vendre sur AirBnB doive, par conséquent, créer une offre qu'il ne vendra que sur AirBnB (il pourra vendre ses autres offres ailleurs) et ne devra, pour ces offres-là n'accueillir que des guests de AirBnB.
Les expériences AirBnB sont des produits exclusifs qui ne peuvent se pratiquer qu'entre membres de la communauté AirBnB
Pourquoi cette exclusivité ? Selon Brian Chesky, AirBnB a vocation à devenir une société globale de voyages et d'expériences et donc, ses produits et ses offres d'activités ne doivent être accessibles qu'aux clients AirBnB. Pour comprendre cette exigence, si l'on devait faire un paralélle: est-ce que le ClubMed aurait intérêt à accueillir dans ses resorts des clients venus de l'extérieur seulement pour pratiquer telle ou telle activité ? Certainement que non ! Voilà donc ce qui motive AirBnB dans son ambition de passer du rang de portail de réservation (ce qui semble convenir à Booking) à celui de société globale de voyages (d'agrément et d'affaires).
*Ci-dessus, la position de Brian Chesky sur le formidable potentiel de la réservation en ligne d'activités et de loisirs"
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Enfin, l'autre annonce de Brian Chesky portait sur le fait que sa société était désormais prête à entrer en bourse l'an prochain sans toutefois confirmer s'il enclencherait ou pas ce processus. AirBnB multiplie les expériences pour consolider son modèle économique: pas sûr que son fondateur se lance sur les marchés financiers s'il n'est pas encore certain d'avoir bâti une véritable pépite. Si la notion d'exclusivité constitue l'un des pilliers de sa stratégie encore faudra-t-il qu'il fasse connaître ses arguments aux millions de propriétaires qui peuplent sa communauté et pour lesquels une exclusivité aussi notoire soit-elle ne peut se concevoir sans des garanties sérieuses de toute part.