Rififi chez les locations de vacances
Hôteliers et plateformes de locations de vacances s'affrontent durement depuis une semaine sur le "Décret AirBnB" qui entrera en application sur Paris et les grandes villes françaises le 1er décembre prochain. L'enjeu de cette bataille est de savoir si tous les propriétaires de meublés devront, au final, se soumettre aux mêmes obligations partout en France ...
On l'appelle couramment le "Décret AirBnB" car il a d'abord été pensé pour encadrer la croissance exponentielle du nombre de meublés en location sur les plateformes de location - AirBnB en tête - et donc, de la pression que cette nouvelle offre exerce sur les hôtelier notamment.
Ce décret entrera en application le 1er décembre prochain et oblige les rares villes françaises de plus de 200.000 habitants et 3 départements franciliens à mettre en place un dispositif de déclaration pour les tous les appartements loués sur ces plateformes.
Un numéro d'immatriculation obligatoire
Ainsi, chaque propriétaire qui souhaitera louer son bien sur AirBnB ou n'importe quel autre de ses concurrents devra déclarer son bien en mairie (la Ville de Paris a lancé le dispositif cette semaine) et obtenir un numéro de déclaration.
De leurs côtés, les plateformes de location devront obligatoirement afficher le numéro d'enregistrement sur les annonces des biens concernés. En absence de ce numéro, l'annonce ne pourra plus être diffusée sur ces portails !
Etendre le dispositif partout en France
Pour les syndicats hôteliers - qui entendent lutter contre une concurrence rampante et, selon eux, quelquefois illégale - le dispositif ne va pas assez loin. Pour l'un des principaux syndicats hôteliers, le GNI: "Ce dispositif ne doit pas s'appliquer qu'à Paris et aux villes de plus de 200.000 habitants mais à toutes les villes françaises" affirme Didier Chenet, président. Et de citer le cas de Perpignan (125.000 habitants mais 4ème ville française pour les locations de vacances) mais aussi Annecy, Bordeaux, Chamonix, Nantes, Rouen ... qui devraient s'y mettre aussi.
D'ailleurs, les syndicats hôteliers viennent de rédiger un mémento à l'attention de tous les maires de France pour qu'ils acceptent d'appliquer sur leur ville cette nouvelle réglementation et, de fait, prouvent à leurs hôteliers leur bonne volonté à encadrer une concurrence qu'ils jugent insupportable depuis 2012 au moins.
Les plateformes résistent
De leur côté, les patrons des plateformes de location ne sont pas restés sans réagir: il y a deux jours, par la voix de leur président national, Thimothée de Roux, patron d'Abritel en France: "Cette nouvelle réglementation n’a pas vocation à s’étendre sur l’ensemble du territoire, mais à répondre de manière ponctuelle et dans des zones frappées par la crise du logement».
Pour les membres de l’Union nationale pour la promotion de la location de vacances (UNPLV)[1]: "Si cette procédure s’étendait à de trop nombreuses collectivités, allant à l’encontre de la philosophie de ce dispositif, nous craignons que cela ne favorise le transfert de nombreuses locations vers l’économie souterraine, en rendant le contrôle encore plus difficile, et n’apportant plus les mêmes garanties aux vacanciers, notamment la clientèle internationale dont la France a tant besoin".
La position des offices de tourisme
Les hôteliers pointent, de leur côté, "une position plus qu'ambigüe des offices de tourisme dont la fédération nationale est membre de l'UNPLV: "Nos offices de tourisme nous réclament des classements et des mises aux normes, nous expliquent que tout cela est important pour le visiteur mais ils cautionnent que les loueurs de meublés ne se rangent à aucune obligation. Nous allons aussi leur demander des comptes : cela ne se passera pas comme ça!"
L'ambiance est plus que tendue et la saison estivale qui démarre ne devrait pas sonner la trêve: pour les hôteliers, ce combat est décisif pour enrayer l'éclosion d'une concurrence de plus en plus menaçante pour leur devenir.
L’Union nationale pour la promotion de la location de vacances (UNPLV), rassemble les principaux acteurs du secteur : Abritel Homeaway, Clé Vacances, Airbnb, Leboncoin, Interhome, Homerez, La France du Nord au Sud, le Syndicat des professionnels de la location meublée, Poplidays, Homelidays, Selogervacances, TripAdvisor, les Offices de tourisme de France. ↩︎