Le plan des hôtels contre AirBnB
L'affaire est digne des meilleures séries télévisées américaines où tous les coups sont permis. D'après un article paru, la semaine dernière, dans le célèbre New York Times, les hôtels américains fourbissent leurs armes pour lutter contre la croissance d'AirBnB.
Le NYT a mis la main sur un document interne de la célèbre American Hotel & Lodging Association (AHLA), le plus puissant lobby hôtelier américain (qui inclut également les bed & breakfast), dans lequel de nombreuses mesures ont été identifiées pour contrer la montée en puissance de AirBnB.
Mon voisin, cet investisseur !
L'une des actions consiste au lancement d'une campagne appelée "My Neighborhood” (Mon Voisinnage) qui regroupe des témoignages d'habitants de quartiers faisant part de leurs expériences négatives à cause de AirBnB: tapage nocture, nuisances en tous genres, etc ...
Cette campagne doit inciter les résidents d'un quartier à dénoncer auprès de leurs élus les logements qui n'auraient de vocation d'habitation de longue durée. Et, de fait, inciter les élus à réglementer pour lutter contre la prolifération de logements destinés à la location touristique.
Cette campagne va également insister sur le fait que l'essentiel des habitations d'un "bon" quartier sont trustées par des propriétaires "non-résidents" seulement soucieux de louer les habitations pour du court-terme sur AirBnB : selon l'AHLA, c'est ainsi que les quartiers perdent leur âme, un lien pérenne entre tous les habitants, etc ...
Lutter contre les hôtels illégaux
Pour l'AHLA, ces nouvelles actions s'inscrivent dans ses actions historiques de lutte contre l'hôtellerie illégale. D'après ce puissant lobby (qui compte plus de 24 000 membres), le combat contre AirBnB se joue par voie de réglementation ... Celle que le lobby hôtelier veut faire adopter par les mairies concernées.
D'après l'AHLA, seulement 20% des hébergements loués sur AirBnB sont gérés par leurs propriétaires eux-mêmes ! D'après leur étude, plus de 81% des 4,6 Milliards $ générés aux US seraient le fait de propriétaires "professionnels", qui ne vivent pas sur place et ne se chargent même pas eux-mêmes de l'accueil de leurs hôtes.
Pour le lobby hôtelier, les annonces de ces adresses sont trompeuses en laissant croire aux clients qu'ils réservent chez un particulier ... alors qu'ils sont en fait pris en charge par un professionnel.
Il n'en fallait pas plus, dès lors, pour considérer ces adresses comme des hôtels illégaux et demander, par conséquent, un durcissement des règles locales contre ces établissements.
AirBnB riposte
La lutte menée par le lobby hôtelier est prise très au sérieux par AirBnB: en 2016, l'AHLA a dépensé plus de 2,43 Millions $ en lobby auprès des élus du Congrès et du Sénat (soit 31% de plus qu'en 2015).
AirBnB a réagi en publiant un site "citoyen" où le géant de la location de vacances dénonce les "vraies-fausses informations" des hôtels sur la fiscalité, la réglementation et son évolution.
Pour AirBnB, sa plateforme est un carrefour majeur des "classes moyennes américaines" qui peuvent générer de nouveaux revenus en louant son propre appartement une partie de l'année.
D'autre part, le géant californien affirme être un "bon élève" auprès des gouvernements locaux en développant sa politique de prélèvement des taxes à la source (taxes de séjour, etc ...) et en faisant rentrer des sommes d'argent toujours plus importantes dans les caisses publiques.
Le combat ne fait donc que commencer entre deux adversaires redoutables qui jouent là une grande partie de leur avenir. Les actions menées par l'AHLA devraient s'amplifier dans les prochains mois selon ses principaux dirigeants. Règlement de comptes à OK Corral en perspective ...